Sur la mer entre Bizerte et Calais
Sur un cargo qui transportait des huîtres
Un p'tit marin sanglotait, pleurotait
Dans le mazout, ses larmes coulotaient
L'essuyant de ma chemise
J'lui dit : qu'y a-t-il donc eut ?
Y' m'répond, c'est ma promise
Pas de nouvelles, je suis cocu !
J'lui ai prêté mon stylo
Hisse, ho, ho !
Au petit gars de Saint-Malo
Hisse, ho ho
Pour qu'il écrive à sa belle
Qui d'meurait à Plougastel
Il le prit sans dire un mot
Hisse, ho, ho !
Un an plus tard, ce cargo du démon
Franchit l'équateur, traversa Joinville
Près d'Argenteuil, le marin fit un bon
Posa sa chique sur son bas d'artimon
Y'm'dit : je pense à Héloïse
Cette pauvre vierge qui m'attend
L'soir où j'ai fait ma valise
J'lui ai fait aussi quatre enfants
J'lui ai r'prêté mon stylo
Hisse, ho, ho !
Au petit gars d'Saint-Malo
Hisse, ho, ho !
Pour qu'il écrive à ses mioches
Qui bouffaient pas d'la brioche
Mais plutôt des bigorneaux
Hisse, ho, ho !
Dix ans après sur ce cargo impur
Nous abordions à Palavas-les-Mouches
Il s'évanouit, tomba sur mes fémurs
J'lui donne un rhum sans y mettre de bromure
Alors ouvrant ses prunelles
Il hurla, je suis maudit
Tous les miens sont sans nouvelles,
On me croit mort au pays !
Comment ? Je t'ai prêté mon stylo
Hisse, ho, ho !
Dis-je au p'tit gars de Saint-Malo
Hisse, ho, ho !
Y'm'répondit 'spèce de cancre
C'est vrai, mais y'avait pas d'encre !
J'ai pas pu écrire un mot!
Je n'prêt'rai plus mon stylo
Hisse, ho, ho !
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