Le ciel est bleu, la mer est verte
Laisse un peu la fenêtre ouverte
Le flot qui roule à l'horizon
Me fait penser à un garçon
Qui ne croyait ni dieu, ni diable
Je l'ai rencontré vers le nord
Un soir d'escale sur un port
Dans un bastringue abominable
L'air sentait la sueur et l'alcool
Il ne portait pas de faux col
Mais un douteux foulard de soie
En entrant je ne vis que lui
Et mon coeur en fut ébloui
De joie
Le ciel est bleu, la mer est verte
Laisse un peu la fenêtre ouverte
Il me prit la main sans un mot
Il me poussa hors du bistrot
Tout simplement d'un geste tendre
Ce n'était pas un compliqué
Il habitait le long du quai
Je n'ai pas cherché à comprendre
Sa chambre donnait sur le port
Des marins saouls chantaient dehors
Un bec de gaz d'un halo blême
Éclairait le triste réduit
Il m'écrasait tout contre lui
Le ciel est bleu, la mer est verte
Mais laisse donc la fenêtre ouverte
Son baiser me brûle toujours
Est-ce là ce qu'on appelle l'amour ?
Son bateau mouillait dans la rade
Chassant les ombres de la nuit
Au petit jour il s'est enfuit
Pour rejoindre ses camarades
Je l'ai vu monter sur le pont
Et si je ne sais pas son nom
Je connais celui du navire
Un navire qui s'est perdu
Quand au marin nul n'en peut plus
Rien dire
Le ciel est bas, la mer est grise
Ferme la fenêtre ouverte