Calfater est un déformation du verbe "calfeutrer". Ce terme signifie
"rendre étanche". Quand les bateaux étaient en bois, la calfatage
consistait à introduire une torsade d'étoupe entre deux planches
de bordée ou du pont, à l'aide d'un fer plat sur lequel on
tapait avec un maillet. L'étoupe est une composante fibreuse produite
lors du travail des fibres textiles, notamment du chanvre et du lin. Puis
on recouvrait ce joint avec une couche de goudron fondu. Les calfats faisaient
fondre le goudron dans un chaudron appelé "pigouillère".
Lorsque le bois de bordée se dilatait, sous l'action de l'humidité,
la torsade d'étoupe était écrasée et le joint
devenait d'une étanchéité parfaite.
Le calfatage d'un navire était une opération longue et
délicate, car il fallait procéder ainsi planche par planche
sur toute la coque. Un travail pénible, car selon l'accessibilité,
le calfat travaillait souvent dans des positions très inconfortables.
Le métier a presque entièrement disparu aujourd'hui,
mais il subsiste des calfats grâce aux quelques bateaux en bois qui
sont encore construits selon la méthode traditionnelle.
Cette chanson est originaire de Normandie, probablement de la région
du Havre. Un "margat" y est un travailleur à terre dans les ports.
Dans la bouche d'un marin, c'est plutôt péjoratif... Le mot
"ras" est un déformation des "rails" sur lesquels glissaient les
navires en cale sèche.
Ecoutez la musique :
Lecture mp3 :
CD "travaux et metiers"
Quand un bateau rentre en carè-è-ne,
Comme çui-là qu'vous voyez là-bas,
On voit pas l'mal et toute la pei-ei-ne,
Que s'donnent ceux qui sont sur les ras
Dans l'étoupe, en plein goudronna-a-ge,
Vous voyez bien ce tas d'margats
C'est ma bordée, mon équipa-a-ge,
Tous des calfats, Tous des calfats !
On trou-ve partout des mini-i-stres
Des sénateurs des députés
Des charpentiers, des ébeni-i-stes
Et même des douaniers retraités
On trou-ve des femmes de ména-a-ge
Des nourrices et puis des soldats
Mais c'qu'on trouve plus, ça c'est domma-a-ge !
C'est des calfats
C'est des calfats !
Je l'ju-re sur la pigouillè-è-re
Que j'avions tant d'turbin dans l'temps
Que j'ai vu ma bordée entiè-è-re
Tous les jours en cracher du sang.
Mais à présent sur ma paro-o-le
Adieu maillets et pataras
Avec tout's leurs sacrées cass'ro-o-les
Y'a plus d'calfats,
Y'a plus d'calfats.
Depuis que la tôl' fait l'borda-a-ge
Y'a plus moyen de faire ses frais
On a supprimé l'calfata-a-ge
Ah! c'est du propre que le progrès !
Quoi, d'nos fistons, de leurs carriè-è-res ?
Des ingénieurs, des avocats !
Autant brûler la pigouillè-è-re
Faut plus d'calfats,
Faut plus d'calfats !